Monsieur le Président,
Vous avez avec le soutien d’une partie de l’armée burkinabé, pris le pouvoir le
24.1.2022 au pays des hommes intègres.
Dans votre action, vous reprochez au Président démocratiquement élu, Roch Kaboré
de ne pas avoir pu protégé suffisamment la population du Burkina Faso des attaques
terroristes menées par des groupes djihadistes.
En regardant la réalité ces dernières années, il est vrai que nous avons assistés à un
drame humanitaire causé par ces attaques.
Monsieur le Président, vous êtes un excellent officier supérieur et savez que l’armée
burkinabé à elle seule n’est aujourd’hui pas en mesure de protéger la population,
plus particulièrement des régions frontalières de l’hydre terroriste.
J’ai eu l’occasion de visiter certaines de ces régions, j’ai parlé avec des habitants qui
ont dû fuir leurs terres, leurs maisons, leurs existences économiques. J’ai été
extrêmement meurtri face à ce drame que vit votre peuple, ami historique et si cher
du peuple Suisse.
Face une telle situation, le Président Roch Kaboré a tenté à maintes reprises de
colmater la brèche béante en remaniant à plusieurs reprises son gouvernement avec
l’intégration de militaire, le processus de réorganisation de l’armée en procédant à
plusieurs nominations dont les jeunes officiers. Il a en outre depuis quelques années
augmenté le budget de la défense et de la sécurité d’une manière significative.
Où se trouve la responsabilité du Président Kaboré ? Un manque de fermeté ? Un
manque d’équipements militaires mis à disposition de l’armée ? Peut-être !
Qui sont les terroristes qui ont versé ce magnifique pays, cette population
travailleuse et attachante dans une situation intolérable ?
Ils se trouvent malheureusement à l’intérieur du pays, au Mali, au Niger et partout
dans le Sahel dans des zones qui ne sont pas peuplées et hors de contrôle des
autorités respectives. Leur objectif étant de créer un nouveau Califat. Il y a un grand
nombre qui se sont rendus dans cette région depuis le nord de la Syrie, de l’Irak et
de la Lybie notamment. Leurs revenus sont générés notamment par le trafic de
drogue qui et ensuite acheminer via l’Algérie en Europe.
Pour plusieurs raisons il s’agit également d’un vrai problème pour l’Europe car il n’est
pas tolérable d’avoir chez nos voisins, des groupes terroristes qui non seulement
terrorisent la population mais qui alimentent également le trafic de drogue européen.
Autrement dit il est dans l’intérêt de la communauté internationale, plus
particulièrement européenne de combattre à côté des armées régulières ce fléau qui
mettent en péril les fondements des Etats africains et de l’Europe et qui aboutit à des
flux de réfugiés énorme avec des conséquence humanitaire et financier que nous
connaissons.
Monsieur le Président, gouverner est compliqué dans ce contexte pareil. Les intérêts
divergents, les problèmes relationnels à l’international, la prise en compte des
données géopolitiques et surtout la satisfaction des aspirations profondes du peuple.
Je vous souhaite la force et le courage mais également la chance nécessaire, pour
pouvoir atteindre les objectifs de ce défi énorme !
Monsieur le Président, J’aime le peuple burkinabé, j’aime votre pays ! C’est pour cela
je vous demande de libérer le Président Roch Kaboré dont le seul reproche est
d’avoir était trop poli, trop gentil, trop humaniste pour gouverner pendant une période
marquée par la violence.
Le Président Roch Kaboré mérite le respect et le traitement d’un ancien Chef de
l’Etat. Cela mettra en valeur le nouveau gouvernement du Burkina et sera preuve de
sa grandeur.
Je vous le demande en tant qu’ami de votre magnifique pays et en tant qu’Officier de
l’Ordre de l’Etalon. Quand j’ai été décoré, mais aussi fait chef coutumier honorifique
par le Roi de la province du royaume de Ouargaye, j’ai dit au Président Kaboré et au
Grand Chancelier que cela n’est pour moi non seulement un honneur mais
représente également une grande responsabilité d’être toujours aux côtés du peuple
Burkinabè.
A cette étape difficile que traverse votre pays, c’est le moment pour moi d’assumer
pleinement cette responsabilité pour aider, dans la mesure de mes possibilités, le
peuple burkinabé.
Je voudrais une fois de plus vous demander humblement de libérer mon ami, le
Président Roch Kaboré. Je le connais, je suis convaincu qu’il n’entravera pas la mise
en oeuvre de cette refondation que vous appelez de tous vos voeux. En empruntant
cette voie d’apaisement et de sagesse, nous sommes prêts à oeuvrer avec vous au
renforcement de la crédibilité et de l’image de votre beau pays.
Je comprends qu’il s’agit actuellement d’une situation très particulière mais je vous
prie, parallèlement à votre priorité de protéger les burkinabés contre les attaques
terroristes, de travailler sans relâche à un retour rapide de l’ordre constitutionnel par
l’organisation d’élections libres et transparentes que votre peuple mérite tant. Ainsi,
vous graverez votre nom dans la liste des héros de cette nation si riche.
Je vous remercie pour votre compréhension de ma démarche et vous remercie
d’avance pour votre bienveillance.
Avec mes salutations respectueuses
Prof. hc. Dr. Jürg Stäubli